Jakala, leader italien du martech, se lance en France et réalise une première acquisition
Nicolas JaimesDu nouveau dans le paysage déjà bien fourni du martech français. Jakala, leader du secteur en Italie, a en effet décidé de traverser les Alpes pour s’attaquer à l’Hexagone. Et le groupe a, comme à son habitude lorsqu’il ouvre un bureau dans un nouveau marché, décidé de s’associer à des figures bien connues localement, dans le cadre d’une joint-venture.
Il s’agit de Guillaume et Xavier Cardon, qui avaient fondé Sutter Mills avec Olivier Mazeron, avant de le revendre à Accenture fin 2019. Les deux frères, qui ont quitté le groupe il y a un peu plus d’un an, ont donc décidé de renouer avec le secteur du martech. Guillaume et Xavier Cardon détiennent selon nos informations 17,5% chacun du capital de Jakala France, quand la holding groupe possède les 65% restants. Seul Guillaume, qui est président de Jakala France, a un rôle opérationnel pour le moment. Il a été rejoint par Lucile Dupin, une autre ex-Accenture, qui a été nommée partner de Jakala France.
Jakala, qui revendique aujourd’hui près de 3 000 collaborateurs et près 500 millions d’euros de chiffre d’affaires, a été fondé au début des années 2000 par Matteo de Brabant. “Ce pionnier de la gestion des programmes de fidélité a transformé le groupe en une structure intégrée opérant à la convergence de la data et du marketing”, explique Lucile Dupin.
En 2014, Jakala fusionne avec Seri System. En 2015, le groupe met la main sur Value Lab. 2018 est l’année de la première levée de fonds, qui lui permettra de financer l’ouverture de bureaux à l’international (États-Unis, Royaume-Uni, Brésil et Pologne) et de nouvelles acquisitions. Citons celles de Volponi, qui a permis à Jakala de renforcer son positionnement dans le monde de l'engagement, et 77 Agency, agence indépendante de digital media.
2021 marque un nouveau tournant, avec un nouvel investissement du fond Ardian, qui devient au passage actionnaire majoritaire. Suivront des investissements comme Bmind, un reseller GMP spécialisé dans le marketing digital et Biko en Espagne. Dernier rachat en date : FFW, entité spécialisée dans la création d’expériences digitales. De quoi faire de Jakala l’un des leaders de son secteur en Europe du Sud.
Cette région bien verrouillée, la martech italienne veut désormais gagner des parts de marché plus au Nord. A commencer par la France, où l’ouverture d’un bureau français s’accompagne, selon nos informations, d’une levée de fonds conséquente. 4 millions d’euros ont été injectés dans l’entité française en juillet dernier. Une somme qui doit lui permettre, comme ce fut le cas pour les autres filiales, de procéder à des acquisitions.
La première d’entre elles est déjà connue puisque Jakala vient de communiquer sur l'acquisition de Madagence, un réseau d’agences spécialisées dans l’e-commerce, qui sont basées à Paris, Lille et Lyon. “La soixantaine de collaborateurs de Madagence rejoint le giron de Jakala France, dont les effectifs sont aujourd’hui portés à un peu plus de 80 personnes”, précise Lucile Dupin.
Ce qui a intéressé Jakala France dans cette opération ? “D’abord, un très bon fit avec les dirigeants, une condition sine qua none à tout deal”, justifie Lucile Dupin. Mais aussi une expertise précieuse dans l’intégration de systèmes e-commerce, notamment sur la suite Salesforce Commerce Cloud. Une suite que les équipes de Jakala France, très au fait de sujets made in Google, comme les suites Google Marketing Platform, Google Cloud Platform ou Google Analytics, maîtrisaient un peu moins. “Nous sommes désormais capables d’intégrer et opérer deux suites - Salesforce et Google - qui sont installées chez plus de 80% des e-commerçants qui font de l’activation digitale”, se félicite Lucile Dupin.
L’acquisition de Madagence devrait être suivie d’autres opérations de croissance externe. Mais, si d’autres dossiers sont en cours d’analyse, il n’y a rien de concret à ce stade. Interrogée sur le profil type, Lucile Dupin évoque des expertises très complémentaires de l’ADN de Jakala, qui se situe à la convergence de la data et des analytics, dans des secteurs comme le martech et l’adtech. Pourquoi pas dans l’IA ?. “L’objectif, c’est de construire une offre qui nous permette de répondre à toutes les problématiques de nos clients”, rappelle Lucile Dupin. Et l’important, c’est de “make it count”, comme on dit chez Jakala. En d’autres termes, d’avoir de l’impact.
Pas un luxe dans un marché aussi challengeant que ne l’est la France sur le sujet du martech, avec des acteurs locaux très puissants, comme Converteo, fifty-five ou Jellyfish (les deux derniers s’étant récemment rapprochés). Une émulation qui n’est pas pour déplaire à Lucile Dupin, qui se dit convaincue de la proposition unique de Jakala France, par sa capacité à s’appuyer sur des entrepreneurs locaux et à investir dans des pépites locales, pour les mettre “at scale”. “C’est bien d’être agile, de pouvoir déployer rapidement les choses, mais il faut le faire avec de l’impact”, conclut Lucile Dupin. Make it count, comme on vous disait.
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