21 January 2025
Temps de lecture : 2 min
C’est une première pour l’AFP. Et une première aussi pour Mistral AI. L’agence de presse et le spécialiste français de l’intelligence artificielle générative viennent de signer un partenariat stratégique “pluriannuel”, dont le montant, non communiqué, est estimé à plusieurs millions d’euros.
Concrètement, cet accord va permettre à la start-up de puiser dans les 38 millions de dépêches publiées par l’AFP depuis 1983 dans six langues, pour alimenter les réponses de son robot conversationnel Le Chat. Lancé l’an passé, celui-ci peine encore à s’imposer face à ses rivaux américains, à commencer par ChatGPT.
En s’associant avec l’AFP, Mistral espère renforcer la pertinence des réponses pour les questions “qui nécessitent de l’information vérifiée”, explique Arthur Mensch, son cofondateur et patron. Et ainsi limiter les hallucinations de ses grands modèles de langage et les erreurs liées à de mauvaises sources trouvées sur Internet. “Augmenter la factualité des réponses est une étape clef dans le déploiement de notre technologie“, ajoute Arthur Mensch.
Précision importante: le partenariat avec l’AFP ne permet pas à Mistral d’utiliser les dépêches pour entraîner ses modèles. Il se distingue ainsi des nombreux accords conclus par OpenAI. Le concepteur de ChatGPT s’est notamment associé avec Le Monde en France. Il a aussi signé avec News Corp (Wall Street Journal, The Times), Axel Springer (Bild, Die Welt, Politico), le Financial Times ou encore l’agence de presse américaine Associated Press.
L’AFP n’avait pas encore cédé aux sirènes de l’intelligence artificielle. Pour justifier cet accord avec Mistral, son directeur général Fabrice Fries met en avant une volonté de “diversification” des recettes “auprès d’une clientèle hors médias”. Il souligne, par ailleurs, que la structure de ce partenariat va se traduire par des sources de revenus récurrents, au lieu d’un paiement unique comme c’est souvent le cas dans les accords d’entraînement de modèles.
L’émergence des chatbots représente une menace pour les médias: modifier radicalement la manière dont les internautes trouvent des informations, leur permettant d’obtenir la réponse qu’ils cherchent sans jamais avoir à cliquer sur un lien. Le magazine américain The Atlantic prédit ainsi une chute de 75% des visites générées par les moteurs de recherche, qui représentent environ 40% de son trafic.
En s’associant avec des acteurs d’IA, les médias pourraient donc alimenter la machine qui va décimer leurs recettes publicitaires. Mais ont-ils vraiment le choix ? “Sans accord, ils utiliseront notre contenu de manière plus ou moins clandestine, sans aucun avantage pour nous”, regrette Louis Dreyfus, le président du directoire du Monde, cité par le Wall Street Journal. Et ils peuvent nouer des partenariats avec d’autres titres.
Les groupes de presse préfèrent donc prendre un chèque plutôt que de mener une résistance qui semble futile. Peu de médias font ainsi de la résistance. Parmi eux, le New York Times a choisi de porter plainte contre OpenAI, l’accusant d’avoir utilisé, sans aucune autorisation ni rémunération, des millions d’articles pour entraîner ses modèles. Il réclame des “milliards de dollars dommages” et la mise hors ligne des modèles alimentés par ses contenus.
Topics
LES NEWSLETTERS DU GROUPE INFLUENCIA : MINTED — LA QUOTIDIENNE INFLUENCIA — THE GOOD — WHAT'S UP ? MEET IN. RECEVEZ UNE DOSE D'EVENEMENTS, D'INNOVATIONS, MEDIA, MARKETING, ADTECH...
Je découvre les news !