Exclu : Estelle Decré-Ravez prend la tête de Criteo France


  • Jusque-là en charge des partenariats stratégiques d'Unlimitail, l'alliance retail media entre Carrefour et Publicis, Estelle Decré-Ravez prend la tête de Criteo en France.
  • Elle gère désormais une équipe de 50 personnes et symbolise les ambitions renouvelées du géant du commercie media à l'égard de son marché domestique. 

Voilà un peu plus de 6 mois que Criteo cherchait quelqu’un pour prendre la tête de son activité en France. L’adtech a enfin trouvé la perle rare puisque c’est Estelle Decré-Ravez qui occupe cette fonction depuis ce lundi 3 juin. 

Estelle Decré-Ravez est une figure reconnue du secteur. Passée par Horyzon Media, 366 et Azerion, elle était entrée chez Carrefour Links pour en prendre la direction marketing en mars 2019. Une époque où le terme de retail media n’était pas encore entré dans le dictionnaire des férus de l’adtech. 

"J'ai toujours aimé porter des innovations", justifie celle qui tient à remercer les patrons d'Horyzon Media et Carrefour Links, Eric Aderdor et Alexis Marcombe, pour le rôle qu'ils ont joué dans son parcours. Un parcours qui l'aura donc menée chez Carrefour où elle a assuré, après un an en marketing, la supervision des partenariats stratégiques. 

Une casquette qui lui a permis d’échanger fréquemment avec les équipes de Criteo puisque ce dernier était la plateforme de monétisation de Carrefour Links jusqu’à fin 2022, date de naissance d’Unlimitail, l’alliance retail media que Carrefour a noué avec Publicis

“Nous nous connaissions bien avec Criteo, confirme Estelle Decré-Ravez. J’aime leurs valeurs et leur façon de voir les choses.” Et de se féliciter de cette “opportunité extraordinaire de rejoindre le leader du commerce media.” 

Un leader dont l’hégémonie s’est sensiblement effritée en France, ces deux dernières années, comme nous vous l’avons déjà expliqué sur Minted. La faute, en vrac, à une migration douloureuse vers la nouvelle suite de Criteo, la Retail Media Platform, à l’arrivée de nouveaux concurrents comme Unlimitail et Kamino et à ce qui a été perçu par certains retailers français comme un manque de considération pour les clients historiques. 

Ces historiques, c’est précisément l’une des priorités d’Estelle Decré-Ravez dans ses nouvelles fonctions. “Je viens des telcos où l’on a les yeux rivés sur le taux de churn et la satisfaction client, rappelle-t-elle. Ma priorité, c’est d’aller voir nos clients et de comprendre ce que l’on peut faire mieux pour eux.” 

A son agenda donc, des rencontres avec les régies d’E.Leclerc, Uber Eats, Retailink, Marionnaud, Sephora, Nocibé, Deliveroo, qui passent toutes par Criteo. Et bien sûr tous les autres, qui sont partis à la concurrence, puisque Criteo peut toujours prétendre à récupérer ceux qui trouvent que l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs. 

Le retail media est, au même titre que l’industrie publicitaire en général, très cyclique. Il n’est pas rare que des acteurs qui ont voulu internaliser ou aller à la concurrence, parce qu’ils étaient déçus par leur prestataire, fassent finalement machine arrière. Le managing director EMEA de Criteo, Marc Fischli, le rappelait dans une interview donnée à Minted. “Criteo a déjà perdu des gros clients au Royaume-Uni, par le passé, et a su rebondir.”

“Tous les retailers sont persuadés d’être assis sur un tas d’or avec leurs datas clients mais, j’en sais quelque chose, ce n’est pas si facile de monétiser ces dernières”, rappelle Estelle Decré-Ravez. Même chose pour le buyside - agences médias et annonceurs - qui ont, à en croire la dirigeante, plus que jamais besoin de passer par des guichets centralisés pour opérer un secteur du retail media qui s’est fortement fragmenté au cours de ces dernières années. C’est le cœur de la proposition de valeur de Criteo. 

L’arrivée d’Estelle Decré-Ravez s’inscrit dans la volonté de Criteo de (re)mettre la France au cœur de ses priorités. L’adtech, accusée par certains retailers d’avoir un peu délaissé l’Hexagone en même temps qu’elle a américanisé son comité de direction, prévoit ainsi de consacrer plus d’efforts marketing à son marché domestique.