Cohort lève 3,2 millions d’euros pour démocratiser le CRM à la sauce Web 3
Nicolas JaimesC’est pas loin d’une prouesse que vient de réaliser Cohort, dans un climat qui est peu favorable aux starts-up en quête de financement externe et qui l’est encore moins pour celles qui touchent de près ou de loin à des sujets tels que le Web 3 ou les NFT (dont la hype s’est considérablement refroidie). La société fondée par Séraphie de Tracy et Nathan Barraillé vient, en effet, d’officialiser une levée de fonds de l’ordre de 3,2 millions d’euros.
L’opération est menée par Iris Capital, aux côtés d’Axeleo Capital, avec la participation du startup studio 3founders et de business angels issus de chez Stripe, Payplug ou Sorare. Elle doit permettre à Cohort, qui n’a même pas un an au compteur, de tripler un effectif pour l’instant cantonné à 8 collaborateurs et, espère Séraphie de Tracy, faire “x 10” en termes de clients d’ici début 2024.
Pas une mince affaire alors qu’ils sont, pour l’instant, une petite quinzaine, en France et aux Etats-Unis, à recourir à cette technologie spécialisée dans l’engagement client via le Web 3 et les NFT. Dans le lot, Etam, Adore Me, Socque Paris et L’Atelier Shelter. “Nos ressources actuelles nous contraignent à nous concentrer sur les appels entrants, le réseau et les mises en relation. En musclant nos ressources "produit" et en mettant sur pied des équipes marketing et commerciales, nous allons pouvoir accélérer”, estime Séraphie de Tracy.
Cohort, qui compte une trentaine de campagnes à son actif, veut aider les marques à repenser leurs tactiques marketing à l’aune du Web 3. “Notre force, c’est un produit qui permet à une marque d’être live en quelques minutes, sans qu’elle ait besoin d’avoir de crypto ou de wallet”, résume Séraphie de Tracy. C’est précisément ce qui a séduit Iris Capital, dont c’est le premier investissement dans le Web 3. “Cohort enlève cette complexité qui rebute les marques au moment de se pencher sur le sujet Web 3, souligne Gil Doukhan, associé chez Iris Capital. La seule barrière à l’entrée pour l’utilisateur, si toutefois on peut vraiment la considérer comme telle, c’est d’avoir une adresse email. “La clé, c’est la démocratisation de la pratique et, avec elle, l’accessibilité à ces nouveaux outils”, poursuit Séraphie de Tracy.
“On voit que les marques ont, pour la plupart, gagné en maturité sur le sujet, ajoute la dirigeante. Elles savent de quoi on parle et ce que peut leur apporter la technologie.” En l'occurrence, donner un nouveau souffle à leur CRM client, qui est le plus souvent adossé à des programmes de fidélité plutôt passifs. “Les NFT peuvent permettre aux marques de réengager avec leur communauté et de le faire, de surcroît, de manière personnalisée”, promet Séraphie de Tracy.
Le plus beau dans tout ça ? Pas besoin d’utiliser de données personnelles, ce qui est loin d’être un luxe à l’heure du RGPD. Et de donner l’exemple de deux marques qui voudraient lancer une opération ensemble. “Si la marque A veut proposer quelque chose aux clients qu’elle a en commun avec la marque B, il va lui falloir croiser les bases de données.” C’est, à cause des problématiques de consentement (le client de la marque B ne l’autorise sans doute pas à partager ses informations avec des tiers) compliqué à mettre en place. Ça ne l’est plus lorsque le NFT devient la clé de réconciliation. “Dès le second trimestre, nous allons permettre aux marques d’en inviter d’autres pour partager, depuis notre interface, des avantages à leurs clients”, promet Séraphie de Tracy.
Tout simplement parce que le NFT est interopérable. Il peut être “lu” par des applications tierces. C’est ce qui a permis à Socque Paris de lancer fin 2022, la 1ère paire de chaussures avec une garantie à vie. La simple présentation du certificat NFT chez les cordonniers partenaires donne ainsi droit à une réparation à vie. Elle débloque également des avantages sur la boutique en ligne. Autre exemple, avec ce dispositif pensé pour Etam, qui a transposé une collection de 40 maillots de bain en silhouettes NFT. Ces NFT, dont 32 ont été offerts dans le cadre d’un concours et 8 mis au enchères pour une cause charitable, comportaient des avantages exclusifs : livraison gratuite, retours sans justificatifs, ventes exclusives, événements VIP en magasin…
Des intégrations à Shopify et Salesforce
L’un des gros chantiers 2023 sera l’intégration des assets Web 3 des marques à leurs canaux marketing existants. Cohort, qui facture des frais de licence SaaS au nombre de contacts onboardés dans la plateforme, veut multiplier les connexions avec des applications tierces. La technologie est déjà compatible avec celle de Shopify, le géant de l’e-commerce, pour permettre aux marques de faire du “token gating”. En d’autres termes, réserver l’accès à la rubrique d’un site e-commerce à la détention d’un NFT. Un moyen d’offrir aux détenteurs d’un NFT spécifique, l’accès à des ventes privées, qu’il s’agisse de collections spécifiques ou promotions personnalisées (15% toute l’année sur le site chez Socque Paris si vous détenez son NFT, par exemple). “On faite de même pour l’écosystème Salesforce”, ajoute Séraphie de Tracy.
Le contexte actuel a permis de faire le ménage. “Pas mal d’acteurs qui se sont lancés durant la vague spéculative ne sont plus là”, observe Séraphie de Tracy. Il y a évidemment Arianee, 20 millions d’euros de levés en mai 2022, mais la société créée par Frédéric Montagnon et Pierre-Nicolas Hurstel a “un fort tropisme luxe et grands comptes”, là où Séraphie de Tracy revendique “une technologie pensée pour toutes les marques.” Fini les projets spéculatifs, place à la dimension business, avec des NFT qui ont de véritables utilités, se réjouit la dirigeante. Pas tout à fait, peut-être, si l’on s’en réfère à la récente sortie de route de Porsche sur le sujet…
Cohort espère aussi aller plus loin dans la gamification de la relation client. “Pourquoi ne pas permettre aux marques de partager auprès de leur communauté des NFT qui feraient office de profile picture sur les réseaux sociaux ?”, propose Séraphie de Tracy. Un moyen, pour la marque, d’exister au quotidien. Pas question de se contenter d’un gros logo, il faudra que ce soit, a minima, artistiquement pertinent… et que l’utilisateur y trouve son compte. “C’est exactement comme au début des réseaux sociaux, les marques vont pouvoir tenter plein de choses”, prédit Séraphie de Tracy. “Maintenant qu’elles ont compris l’horizon des possibles, il va être intéressant de voir ce que les marques vont faire de ces nouveaux superpouvoirs”, conclut Gil Doukhan, persuadé que le stack marketing de toute marque qui se respecte intégrera, à l’avenir, un volet NFT.
C’est pas loin d’une prouesse que vient de réaliser Cohort, dans un climat qui est peu favorable aux starts-up en quête de financement externe et qui l’est encore moins pour celles qui touchent de près ou de loin à des sujets tels que le Web 3 ou les NFT (dont la hype s’est considérablement refroidie). La société fondée par Séraphie de Tracy et Nathan Baraillé vient, en effet, d’officialiser une levée de fonds de l’ordre de 3,2 millions d’euros.
L’opération est menée par Iris Capital, aux côtés d’Axeleo Capital, avec la participation du startup studio 3founders et de business angels issus de chez Stripe, Payplug ou Sorare. Elle doit permettre à Cohort, qui n’a même pas un an au compteur, de tripler un effectif pour l’instant cantonné à 8 collaborateurs et, espère Séraphie de Tracy, faire “x 10” en termes de clients d’ici début 2024.
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