Les recettes publicitaires de X progressent, une première depuis le rachat par Elon Musk

Ce serait une première depuis son rachat par Elon Musk en novembre 2022. Cette année, X devrait enregistrer une progression 16,5% de ses recettes publicitaires dans le monde, prédit le cabinet eMarketer, qui fait référence dans le secteur. Celles-ci devraient se chiffrer à 2,3 milliards de dollars, dont 1,3 milliard aux États-Unis.

“Il est trop tôt pour parler de rebond, nuance cependant Jasmine Enberg, analyste chez eMarketer. Malgré cette croissance, les revenus publicitaires resteront inférieurs à ceux de Twitter en 2019″. À titre de comparaison, le chiffre d’affaires publicitaire du réseau social, renomme X en juillet 2023, s’élevait à 4,5 milliards de dollars en 2021, dernière année pour laquelle les données sont publiques.

Fuite des annonceurs

Après la prise de fonction d’Elon Musk, la plateforme avait subi un exode massif des grandes marques. Entre l’allégement de la modération et les déclarations polémiques du nouveau propriétaire, elle représentait en effet un énorme risque de réputation. En outre, elle n’était pas, compte tenu de sa taille, indispensable pour les annonceurs.

Pour renverser la tendance, le milliardaire a d’abord nommé Linda Yaccarino, ancienne directrice de la publicité de NBCUniversal, au poste de directrice générale. L’an passé, il s’est aussi livré à une opération séduction lors du festival Cannes Lions. X est le meilleur endroit pour toucher les “personnes les plus influentes au monde”, comme des dirigeants d’entreprises ou des responsables politiques qui “ne regardent pas la télévision et ne font pas des vidéos sur TikTok”, avait-il expliqué.

Croissance “alimentée par la peur”

Mais le retour des annonceurs s’est surtout accéléré suite à l’élection en novembre de Donald Trump, publiquement soutenu par le patron de Tesla et SpaceX. Apple ou Disney ont ainsi mis fin à leur boycott. Et Amazon a fortement augmenté ses dépenses. De fait, une partie de la croissance publicitaire de X est “alimentée par la peur”, souligne Jasmine Enberg.

La peur de se retrouver dans le collimateur de son patron – et par extension de l’administration Trump. La peur aussi d’être poursuivi en justice. En février, l’entreprise a ainsi élargi à Lego, Nestlé ou encore Colgate-Palmolive la plainte qu’elle a déposée l’été dernier pour “boycott illégal”. Selon l’analyste d’eMarketer, “de nombreux annonceurs considèrent désormais leurs dépenses sur X comme un ‘prix à payer’ pour éviter des représailles”. 

Ce moteur n’est cependant pas “soutenable”, estime Jasmine Enberg, qui note aussi une percée des solutions publicitaires de X auprès des petites et moyennes entreprises, dont le poids était historique très faible sur Twitter. eMarketer prévoit une croissance plus modeste pour 2026 et 2027. En outre, le climat pourrait rapidement se retourner alors que la réputation d’Elon Musk se dégrade fortement – impactant en particulier les ventes de Tesla.

X racheté par xAI

Parallèlement, Elon Musk a annoncé la semaine derniere que X avait été racheté par xAI, sa start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle générative. Cette operation valorise, sur le papier, le réseau social à 45 milliards de dollars (en incluant 12 milliards de dollars de dettes). Un moyen pour le milliardaire de sortir par le haut.

Elon Musk explique vouloir unir “les données, les modèles, la puissance de calcul, la distribution et les talents”. Dans les faits, cette opération ne devrait cependant pas changer grand-chose. xAI utilise déjà les milliards de messages publiés sur X pour entraîner et peaufiner son grand modèle de langage Grok. Ce dernier dispose également d’un “accès en temps réel” à cette base d’informations, lui permettant de générer ses réponses à partir des actualités récentes