- En cette journée internationale des droits des femmes, Minted est parti à la rencontre du réseau “The Women In Programmatic France”, qui œuvre à l’accompagnement des femmes du secteur de la publicité digitale.
Trois des membres du bureau français : Amélie Zuber (Index Exchange), Estelle Reale (DK) et Josiane Inamo (The Trade Desk) nous expliquent le sens de leur action.
Minted. Vous avez lancé le réseau “The Women in Programmatic” en France en novembre dernier. Quelle est son ambition ?
Amélie Zuber. L’action de notre association se structure autour de deux piliers : le réseau et le mentorat. Le premier pilier, c’est parce que nous sommes dans un secteur où les opportunités se créent en rencontrant les bonnes personnes, en faisant preuve de curiosité. Et qu’il est donc important de donner l’opportunité aux femmes d’évoluer via leurs contacts, qu’ils soient féminins ou masculins.
Estelle Reale. Ce terme de réseautage, ou networking, a une dimension assez péjorative en France. Nous voulons mieux valoriser la pratique, car elle peut contribuer au développement d’une carrière.
Amélie Zuber. Le deuxième pilier, le mentorat, doit permettre à nos membres de grandir, ne pas se fermer de portes. C’est, par exemple, les aider à mieux connaître et comprendre certains métiers techniques qui sont souvent occupés par des hommes. Ici encore, ce volet mentorat peut être fait par des hommes comme par des femmes. C’est le credo de “The Women in Programmatic”, l’enjeu n’est pas d’opposer hommes et femmes mais de s’appuyer sur les premiers pour faire grandir les secondes.
Quelle forme prend ce mentorat ?
Estelle Reale. Il y a les sessions de coaching évoquées plus haut, où durant 45 minutes à 1h, une coach vient partager ses recettes pour développer certains softskills. Il y a évidemment l’entraide via le groupe WhatsApp et les rencontres IRL. Et puis il y a ce que nous venons de mettre en place avec l’organisme Oreegami, qui permet de former des jeunes et des moins jeunes de tous horizons au marketing digital, souvent dans une logique de reconversion.
Nous lançons une promotion dédiée aux jeunes mamans. Il y aura entre 16 et 18 personnes, qui suivront une formation de 4 mois au métier du trading, avec des horaires aménagés, et qui entreront en entreprise, début septembre. La marraine de cette promotion sera Anne-Marie Kalinka, patronne du trading chez Dentsu.
Comment travaillez-vous la dimension réseautage ?
Amélie Zuber. Nous comptons, à date, près de 230 membres. Elles accèdent à un groupe Whatsapp au sein duquel elles peuvent échanger sur tous les sujets : une actualité qui vient de sortir, une membre qui cherche à recruter un profil spécifique et une autre qui veut savoir qui se rend à tel événement. Tous les sujets sont évoqués au sein de cette boucle qui réunit aujourd’hui une centaine de personnes.
Chaque mois, nous leur proposons, par ailleurs, de participer à une session virtuelle, qui se décline autour de trois thématiques. D’abord, “vis ma vie”, avec des sessions qui consistent à faire témoigner une femme qui occupe un poste spécifique en entreprise.
Josiane Inamo. Récemment nous avons reçu deux collaboratrices en agence média, auxquelles nos membres ont pu poser toutes les questions qu’elles voulaient : ce qui est le plus important quand on pitche une présentation à une agence, ce qui ne doit surtout pas être oublié, ce qui permet de tirer son épingle du jeu…
Amélie Zuber. Nous avons également des sessions consacrées à du coaching et des sujets marchés, comme le retail media ou le cookieless.
Vous organisez également des évènements IRL…
Amélie Zuber. Oui, nous avons organisé une soirée de lancement chez Criteo en novembre dernier et planchons sur notre deuxième événement, qui aura lieu fin avril. Nous n’avons pas arrêté la thématique de ce dernier, pas plus que le lieu, si jamais des entreprises susceptibles de nous accueillir bénévolement me lisent.
Nous aimerions organiser trois à quatre événements en présentiel par an. Cela dépendra évidemment des sponsors que nous trouverons, vu que ces évènements accessibles à tous, hommes et femmes, seront 100% gratuits tout comme l’adhésion à notre association.
Josiane Inamo. Nous sommes en pleine préparation des Cannes Lions, à l’occasion desquels nous allons faire jouer la présence de notre réseau au global, pour organiser un panel et des conférences à dimension internationale. Mais nous aimerions également organiser quelque chose de plus local, pour les francophones. Ici encore, cela dépendra des partenaires que nous trouverons.
Lesquels ?
Josiane Inamo. C’est forcément plus simple d’aller vers les entreprises dont sont issues nos membres. Nous aurons des sponsors comme The Trade Desk, Equativ et Stackadapt.
Une entreprise avec laquelle vous aimeriez vous connecter ?
Josiane Inamo. Google ! Parce qu’ils ont déjà un programme de mentorat pour les femmes assez incroyable, dont nous aimerions faire bénéficier nos membres. Nous avons des échanges mais rien de concret à ce stade.
La représentation de la femme dans les évènements de notre secteur est un vrai sujet. Comment y remédier ?
Estelle Reale. C’est sûr. Déjà, il faut avoir en tête que nous ne sommes pas si nombreuses que cela puisque le secteur de la tech compte à peine 17% de femmes selon une étude de GenderScan. Nous n’avons pas encore de chiffres spécifiques à l’adtech - nous voulons y remédier - mais j’imagine qu’on reste dans ces eaux-là.
Une fois que l’on a rappelé cela, c’est bien de réfléchir au moyen de mieux valoriser l’expertise des femmes. Sur le volet mentorat, je pense que l’on peut faire mieux dans l’accompagnement à la prise de parole. Il y a des choses qui sont mises en place dans les grosses entreprises mais ce n’est pas le cas pour la plupart d’entre elles.
Nous voulons aider nos membres sur le sujet. Nous voudrions également donner plus de visibilité aux speakeuses potentielles, comme le fait le réseau dans d’autres pays, avec des profils proposés selon les thématiques
Un dernier mot ?
Amélie Zuber. J’aimerais souligner le rôle que peuvent jouer les hommes dans cet accompagnement. C’est d’ailleurs Augustin Decré, mon boss, qui m’a fait rencontrer Josiane et les autres. Ce n’est qu’un exemple de ce que nous pouvons mettre en place pour un meilleur partage des connaissances entre hommes et femmes, pour arriver à un meilleur “travailler ensemble”.
La clé, c’est le dialogue. C’est important que l’on s’exprime lorsque quelque chose ne va pas… Mais c’est aussi important que les hommes puissent, sans crainte, nous poser des questions et partager leur point de vue sur le sujet. Raison pour laquelle nous avons décidé de faire également témoigner ces alliés.