- Dans ce chemin de croix qu'est le sevrage des annonceurs qui utilisent beaucoup (trop) les solutions des GAFA, la première étape, c'est le sourcing des alternatives
- Ce sont au total plus de 80 entreprises qui ont été recensées et reversées dans l’une des 11 catégories définies par Antvoice (régies médias, régies externes, search, mobile, display spécialiste, display généraliste, web to store, retail media, mail, affiliation et comparateur)
C’est d’autant plus paradoxal qu’à en croire Alban Peltier, les annonceurs auraient toutes les raisons du monde de corriger le tir. “Les griefs à l’encontre de ces plateformes ne cessent de grandir : les CPC augmentent sur le search, les performances des plateformes sociales sont moins bonnes depuis les changements apportés par Apple”, énumère le patron d’Antvoice.
Ajoutez à cela, une opacité croissante et un discours qui se résume, en substance à “donnez-moi vos budgets et laissez-moi les gérer à ma sauce” dans le cadre d’outils comme Google Performance Max ou Facebook Ads. “Les annonceurs ne savent même plus comment sont dépensés l’essentiel de leurs budgets”, déplore Alban Peltier. Il faut donc y remédier.
"Avec cette cartographie, un annonceur peut voir d’un coup d'œil les options dont il dispose pour faire de la pub vidéo ou du drive-to-store made in France”
Dans ce marché dopé au GAFA, le premier pas vers le sevrage, c’est le sourcing. “Avec cette cartographie, un annonceur peut voir d’un coup d'œil les options dont il dispose pour faire de la pub vidéo ou du drive-to-store made in France”, illustre le dirigeant. Un moyen également de contenter ces consommateurs-citoyens qui sont, à en croire Alban Peltier, de plus en plus nombreux et audibles. “Il faut joindre les actes à la parole. On ne peut pas faire du RSE et continuer à investir le gros de ses budgets chez des plateformes qui pratiquent l’optimisation fiscale ou n’ont pas les mêmes standards en matière de protection de la vie privée.”
Le dirigeant a conscience que la bascule ne se fera pas du jour au lendemain. “Si on arrive à rééquilibrer un peu la ventilation des budgets, parce qu’on donne plus de visibilité aux alternatives françaises, ce sera déjà une belle victoire.” Pour y arriver, il faudra sans doute que le reste du marché rebondisse sur l’initiative. Cette cartographie réalisée par Antvoice, avec le soutien du collectif de la performance et de l'affiliation (CPA), doit devenir collégiale. “On a fait ça un peu dans notre coin, pour amorcer les choses, mais le but c’est qu’Antvoice se désaisisse du sujet”, assure Alban Peltier. Les principales interprofessions du secteur (l’UDM, l’Udecam, le SRI, l’IAB, la MMA) sont prévenues. Leur appui pourrait permettre à la cartographie de gagner en crédibilité.
"On a laissé de côté les acteurs 100% techno mais on les rajoutera dans une seconde version qui sera publiée d’ici la fin de l’année"
Alban Peltier ne s’en cache pas. “L’idée n’est pas d’avoir une base 100% exhaustive mais quelque chose de suffisamment solide pour vivre dans le temps.” Le dirigeant, qui s’attend déjà à recevoir des coups de fils de sociétés non répertoriées, sait qu’il aura du pain sur la planche. “On s’est, par exemple, concentrés sur les adtech qui opèrent du média. On a laissé de côté les acteurs 100% techno mais on les rajoutera dans une seconde version qui sera publiée d’ici la fin de l’année.” La méthodologie posera sans doute, elle aussi, question. Pourquoi intégrer 20 Minutes (dont l’un des actionnaires est le belge Rossel) ou Leboncoin Publicité (qui appartient au norvégien Schibsted) ? “On répertorie les entreprises fondées en France, dont le centre de décision est en France, indépendamment de leur actionnariat”, défend Alban Peltier.