- Le spécialiste de l'audio digital, Audion veut recruter 50 collaborateurs d’ici 18 mois, pour s'implanter en Italie, en Allemagne et achever une plateforme fullstack qui comprend hébergement, distribution et monétisation du contenu.
- L'un de ses cofondateurs, Kamel El Hadef, revient pour Minted sur les enjeux d'une société et d'un marché qui sont à la croisée des chemins.
Le spécialiste français de l’audio digital, Audion, vient d’annoncer une levée de 6 millions d’euros auprès de son actionnaire historique, Founders Future, d’Elevation Capital, de la Financière Arbevel et de business angels. “Nous voulons devenir le leader européen de notre secteur d’ici trois ans”, justifie Kamel El Hadef, cofondateur de la société avec Arthur Larrey.
Audion, qui compte 25 collaborateurs à date, ambitionne d’en recruter 50 de plus d’ici 12 à 18 mois. Des développeurs bien sûr mais aussi des commerciaux et des fonctions support. Pour l’instant basée à Paris et Londres, la société veut, en effet, ouvrir des bureaux en Italie et en Allemagne dès début 2023. De quoi lui permettre de s’étendre à l’étranger alors que le marché français, où Audion travaille déjà avec les principales forces en présence (Prisma, RTL Group, Altice Media, Slate, M6, Webedia, NRJ, Spotify, Deezer, Soundcloud…) est déjà bien verrouillé.
Audion revendique pouvoir toucher près de 45 millions d’utilisateurs uniques mensuels, via la radio digitale, qu’elle soit live ou replay, et des podcasts natifs. Sa dernière offre en date, c’est le PrintAudio, une technologie qui permet de convertir des articles texte en contenus audio. La fonctionnalité a été déployée sur presque un milliard de pages Web, assure Audion. Elle doit désormais permettre à ce dernier de développer une offre de ciblage contextuel. L’ambition, c’est de relever les principaux mots-clés présents dans une page Web et d’associer, ce faisant, cette dernière à un contexte particulier. “C’est, par exemple, savoir qu’un internaute a été consulter un article de football chez l’un des éditeurs avec lesquels nous travaillons et lui pousser une publicité audio basée sur cette information lorsqu’il va sur Spotify”, illustre Kamel El Hadef. Date de sortie prévue pour 2023.
En 2022, Audion a enregistré une croissance de son chiffre d’affaires de près de 100%. Une performance que la plateforme met d’abord sur le compte de la popularité croissante du média audio en France. 76,3% des internautes écoutent en effet du contenu en ligne chaque mois (soit une hausse de 22,8% sur un an selon le Panorama de l’Audio digital de l’IAB). “Les annonceurs le prennent en compte dans leur stratégie d’investissement”, explique Kamel El Hadef. L’audio digital est, il est vrai, un segment très dynamique côté publicité. + 50% entre le premier semestre 2021 et le premier semestre 2022, selon l’Observatoire de l’epub.
Mais le marché reste petit. Il pèse, en effet, à peine 3% du display total. En 2021, c’était 48 millions d’euros investis dans ce média… contre 700 millions d’euros pour la vidéo. Comment expliquer un tel gouffre ? Une histoire d’ancienneté bien sûr, mais pas que. “La réalité, c’est que le marché est beaucoup trop fragmenté”, pose Kamel El Hadef. Trop d’acteurs, trop d’intermédiaires… “On a besoin de simplification”, poursuit Kamel El Hadef. C’est indispensable pour espérer atteindre, un jour, les volumes investis outre-Manche. “L’audio digital dépasse les 200 millions d’euros investis au Royaume-Uni alors même que le volume d’inventaire est similaire”, rappelle Kamel El Hadef. Vous l’aurez compris, le fondateur d’Audion est confiant dans l’avenir. Pas question, d’ailleurs, de sortir de son pré-carré pour aller chercher de la croissance. “Nous n’avons pas vocation à faire du display classique, ce n’est pas du tout le même métier”, assure-t-il
Il faut dire qu’il y a beaucoup à faire. Notamment pour permettre à toute une industrie, celle des podcasts natifs, d’émerger. Parce que ces acteurs n’ont pas l’aura des plateformes de streaming et des régies audio (qui captent près de 67% des investissements publicitaires). L’exemple de Transfert, le podcast natif du groupe Slate qui, du haut de ses 1,1 million de téléchargements mensuels, peine à trouver la rentabilité, est éloquent. “Les podcasts natifs font face à deux enjeux : générer de l’audience et bien la monétiser. Le succès d’un Transfert pèse peu face à un programme qui, comme les Grosse Têtes, réalise entre 20 et 30 millions d’écoutes”, rappelle Kamel El Hadef. Sans compter que les régies radio peuvent s’appuyer sur les liens qu’elles ont tissés avec les acheteurs pour leur inventaire audio, digital et vidéo…