Podcasts natifs: quelles stratégies pour les radios françaises ?

Si les radios émergent naturellement dans les classements d’écoutes et de téléchargement de podcasts avec les replays de leurs émissions radios, elles ont aussi développé au fil du temps leurs propres offres de podcasts natifs, avec plus ou moins de succès et d’ambitions. Tour d’horizon.

Radio France

Selon la dernière étude de l’ACPM sur “les usages du podcast en France”, 44% des Français écoutent désormais régulièrement des podcasts. Derrière ce chiffre, deux réalités: “si tous les Français ont déjà entendu parler de podcast, 44% d’entre eux en écoutent, dont 38% des podcasts de replay radio et 27% des podcasts natifs. La moitié des auditeurs ont un usage mixte”, note l’étude.

Pour ne pas laisser ce terrain des podcasts natifs aux seuls nouveaux acteurs, les acteurs historiques de la radio ont développé au fil du temps des contenus spécifiques, complémentaires de leurs replays. À commencer par Radio France, qui revendique près de 950 millions d’écoutes de podcasts, natifs et replay, en 2024, et qui n’hésite plus à créer des ponts entre les deux formats.

Radio France multiplie les ponts entre les formats

“En 2020, Laurence Bloch, alors directrice de France Inter, propose à Philippe Collin d’abandonner l’antenne pour se consacrer exclusivement aux podcasts natifs. Un pari risqué perçu par certains comme une mise au placard”, se rappelle ainsi la newsletter “Hupster”. Mais quelques années – et plusieurs dizaines de millions d’écoutes – plus tard, ces podcasts initialement conçus pour le digital se retrouvent régulièrement à l’antenne.

Le groupe public a également signé des accords avec la SACD pour encourager le développement de podcasts natifs. “Fureurs”, un podcast natif porté par France Culture, réalisé en son immersif par Mehdi Bayad a notamment vu le jour grâce à ces accords. Parmi les titres “natifs” phares de Radio France, figurent “Le Flash Eco” de franceinfo (18 millions d’écoutes en 2024), “Une histoire et… Oli” (10 millions d’écoutes) et “Les Odyssées” (8,4 millions d’écoutes) – deux podcasts pour enfants de France Inter -, ou encore “Votre cerveau” (3 millions d’écoutes) de France Culture.

Tout récemment, c’est le réseau “Ici” (ex-France Bleu) qui s’est lancé dans cette arène avec “Partir”, sa première collection de podcasts natifs dédiée à l’exploration des territoires français. Ce projet, qui a mobilisé les 44 équipes des radios locales du réseau dans un processus de production décentralisé, devrait connaître une déclinaison internationale, via une traduction en anglais.

Des radios privés moins ambitieuses

Du côté des radios privées, les podcasts natifs restent souvent marginaux face aux replays des émissions passées à l’antenne. Chez RMC (28,9 millions d’écoutes/téléchargements en mars 2025, selon Médiamétrie), par exemple, ils sont principalement développés dans le sport, avec des déclinaisons de la marque phare “After Foot”, notamment, mais aussi des programmes thématiques (“Viva Padel”, “Basket Time”, “RMC Running”) qui permettent de toucher de nombreuses niches et d’affirmer le positionnement de la radio dans le territoire du sport.

Chez RTL (plus de 29 millions d’écoutes/téléchargements en mars 2025, selon Médiamétrie), les podcasts natifs, regroupés sous la marque “RTL Originals” existent depuis 2019. Parmi eux, figurent “Symptômes“, “Une lettre d’Amérique”, “Les voix du crime”, “Lis-moi une histoire“ ou “La Règle d’Or Numérique“. “RTL Originals” est également un label de production de contenus audio digitaux au service des marques.

De son côté, Europe 1 (14,5 millions d’écoutes/téléchargements en mars 2025, selon Médiamétrie) a très tôt adopté une stratégie de diversification dans les podcasts natifs, avec la création en 2018 de son studio dédié à la création de nouveaux formats audio, conçus pour une écoute et une diffusion numérique. Aujourd’hui, la radio du groupe Lagardère a semble-t-il réduit la voilure dans ce domaine, même si le podcast “Au Cœur de l’Histoire” animé par Virginie Girod et produit par Europe 1 Studio figure en tête des téléchargements sur son site.

En parallèle, Europe 1 développe aussi des webradios (pour les 70 ans de la station, par exemple) et des podcasts natifs à vocation publicitaire, comme “Europe 1 Voyage(s)”, lancé à l’été 2024 en partenariat avec le Club Med. À noter également: une expérimentation dans les podcasts payants depuis plusieurs années, avec la chaîne “Hondelatte Raconte”, sur Apple Podcasts, accessible sur abonnement.

NRJ joue l’agrégation avec son “Hub Audio”

Du côté des radios privées, le groupe NRJ – qui, selon l’ACPM, a généré 7,4 millions de téléchargements en mars 2025 avec son réseau NRJ Global – affiche aujourd’hui le plus d’ambitions dans le podcast natif, en adoptant une approche d’agrégateur. Au sein de son “hub audio premium”, sa régie publicitaire fédère ainsi les podcasts de Brut, Engle (“Le nouveau détective”, “Dis-moi pourquoi”), Futura, Majelan et AudioMeans (notamment ceux de Binge Audio). Ceux-ci viennent rejoindre les podcasts natifs produits par le groupe, comme “3615 Podcast” de Nostalgie, “Conte-moi l’aventure” de ChérieFM, “Briller en société”, “Feu de camp” ou encore “Destins” de NRJ.

Dernier lancement en date pour la radio de Jean-Paul Baudecroux ? “Erreur à la barre”, en janvier dernier. Comme son nom le laisse deviner, il s’agit d’un podcast de faits divers – un genre qu’affectionne particulièrement l’audience des podcasts natifs, à en juger par le nombre de contenus produits sur le sujet.