13 April 2025

Temps de lecture : 2 min

Menacé de démantèlement, Meta joue très gros devant la justice américaine

Le gendarme antitrust américain veut forcer la maison mère de Facebook à revendre Instagram et WhatsApp. Il estime que ces deux acquisitions avaient uniquement pour objectif d'empêcher l'émergence de nouveaux concurrents.

C’est le moment de vérité pour Mark Zuckerberg. Ce lundi, Meta retrouve la Federal Trade Commission (FTC) devant un tribunal de Washington. En jeu: un possible démantèlement de la maison mère de Facebook. Le gendarme américain de la concurrence réclame en effet la vente d’Instagram et de WhatsApp, pourtant achetés il y a plus de dix ans.

Ces derniers mois, et encore ces derniers jours, le milliardaire a multiplié les efforts auprès de Donald Trump pour obtenir l’abandon des poursuites. Sans réussite pour le moment. Mais un accord à l’amiable reste possible au cours des cinq prochaines semaines d’audience, voire même après le verdict, lors de la procédure d’appel si la société est condamnée.

“Killer acquisitions”

Ce procès est l’aboutissement d’une longue procédure déclenchée fin 2020, dans les dernières semaines de la première administration Trump. Elle tourne autour de l’acquisition d’Instagram en 2012 pour un milliard de dollars, et de WhatsApp deux ans plus tard pour 19 milliards. À l’époque, la FTC avait pourtant validé ces deux opérations.

Soutenue par une quarantaine d’États américains, elle estime désormais que ces rachats sont des “killer acquisitions”, uniquement motivés par la volonté de mettre la main sur des rivaux avant qu’ils ne deviennent trop menaçants. Le régulateur juge ainsi qu’ils ont été préjudiciables pour les consommateurs, en cadenassant le marché des réseaux sociaux et de la messagerie. Et en permettant à Facebook, depuis rebaptisé Meta, d’imposer davantage de publicités et moins de protection de la vie privée.

Le groupe de Menlo Park met, lui, en avant les “milliards de dollars d’investissement” à l’origine du succès d’Instagram et WhatsApp. “Nous avons rendu les applications plus performantes, plus fiables et plus sécurisées”, au bénéfice des consommateurs, explique-t-il. Meta appuie par ailleurs sur la principale faille du dossier présenté par la FTC: la définition du marché.

Concurrence de TikTok et YouTube

Cette procédure très technique est cruciale dans les affaires antitrust. La société estime que le périmètre retenu par le gendarme de la concurrence est trop restreint, ne prenant pas en compte TikTok, YouTube ou X, avec lesquelles elle est également en compétition. Elle souligne enfin que les deux rachats ont déjà été validés par la FTC – même si sa mésaventure avec Giphy a prouvé qu’un géant de la tech pouvait être forcé à revendre une entreprise.

La partie est loin d’être gagnée pour la FTC. Depuis quatre ans, le juge chargé du dossier n’a en effet cessé de se montrer dubitatif. En 2021, il avait rejeté les deux premières plaintes déposées par le régulateur, l’obligeant donc à revoir sa copie. À plusieurs reprises, il a depuis répété que celui-ci “aura fort à faire pour prouver ses allégations pendant un procès”. Ou encore que “ses positions poussent jusqu’à leurs limites des jurisprudences déjà fragiles”.

Si ses dirigeants se disent confiants, Meta voulait absolument échapper à un procès très médiatisé, pour éviter que Mark Zuckerberg ne soit appelé à la barre et pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles. Ses efforts auprès de Donald Trump se sont cependant heurtés à une réalité: l’entreprise reste une cible de choix dans le camp du président américain.

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