Qu’attendre des nouveaux entrants de la TNT ?

T18, une chaîne de documentaires, débats et divertissements

Imaginé par le groupe CMI de Daniel Kretinsky, T18 – initialement présentée sous les noms de code “Réels TV” puis CMITV – prendra la place de la chaîne jeunesse Gulli – avancée au numéro 12 – sur le canal 18 en juin prochain. Sa cible ? Le grand public, et plus particulièrement les 25-49 ans et les CSP+.

Dotée de trente millions d’euros de budget par an “en vitesse de croisière” selon Le Figaro, la nouvelle chaîne devrait s’appuyer sur les expertises “plurimédias” du groupe CMI et de ses participations – Editis, Elle, Télé 7jours, Franc-Tireur, Usbek &Rica, Louie Media, Marianne, Loopsider…- sans pour autant “devenir le récipient des différents actifs médias du groupe CMI”, selon les mots de Christopher Baldelli, son président. Des partenaires extérieurs au groupe sont d’ailleurs prévus, à l’image du Télégramme, qui était impliqué dans le dossier de candidature.

Dans sa convention signée avec l’Arcom, CMI s’est engagé à diffuser au moins 1.260 heures de programmes inédits chaque année et au moins 3.000 heures de documentaires (science, histoire, géopolitique, culture, société) ainsi que 1.000 heures de magazines d’information ou de société. 20 films d’art et d’essai et 25 captations de spectacles vivants devront également être diffusés en première partie de soirée. 

“Nous ferons la part belle aux films d’expression originale française, mais aussi à une offre documentaire européenne”, avait annoncé Caroline Cochaux, ancienne présidente de Gulli, qui présentait le projet devant l’Arcom en juillet dernier, aux côtés de Denis Olivennes (président de CMI France), Raphaël Enthoven (Franc-Tireur), Ava Djamshidi (Elle) et Giuseppe de Martino (Loopsider). Lors de cette audition, le concept de la chaîne était résumé en 3 “D”, pour “documentaires”, “débats” et “divertissements”.

Pour la commercialisation, la chaîne s’appuiera sur TF1 Pub, qui en assurera la régie. CMI mentionnait par ailleurs dans son dossier de candidature auprès de l’Arcom qu’un million d’euros de chiffre d’affaires publicitaire numérique annuel sera visé en année pleine, afin de compléter les revenus publicitaires TV, estimés alors à 26 millions d’euros.

OF TV, “la première chaîne nationale faite en région”

De son côté, Ouest France travaille à la conception de OF TV, “la première chaîne nationale faite en région”, ainsi que la décrit sa DG, Guénaëlle Troly. Ses objectifs ? “Rassembler, fédérer, créer le débat, raconter, divertir et partager”, comme le résume l’INA. Comme T18, OF TV – dont le nom définitif n’a pas encore été dévoilé – ciblera les 25-49 ans, mais en se concentrant en priorité sur ceux qui vivent hors des centres-villes.

“Nous avons besoin d’une taille critique que seule l’édition d’une chaîne hertzienne peut nous offrir”, expliquait François-Xavier Lefranc, le président du directoire et directeur de la publication de Ouest-France devant l’Arcom, en rappelant les ambitions de son groupe dans le mouvement de convergence des médias. Pour porter cette chaîne, 58 créations de postes étaient prévues à l’origine – un chiffre depuis revu à la baisse, avec 35 recrutements seulement dans un premier temps, selon La Lettre.

Même si le groupe joue la prudence et a repoussé la création de son studio à Rennes à 2026, voire 2027, tous les ingrédients d’une chaîne généraliste devraient être au rendez-vous à l’antenne lors du lancement: documentaires, fictions, débats, JT quotidien, retransmission de spectacle et de compétitions sportives, jeux – dont un “jeu de cache-cache géant dans l’ensemble des territoires”, annoncé par Edouard Reis Carona, le directeur du pôle Audiovisuel de Ouest-France, devant l’Arcom.

Ancrée dans les territoires pour parler des “vraies” gens et des anonymes peu visibles habituellement en télévision, cette chaîne “de la vraie vie” devrait naturellement s’appuyer sur les ressources du groupe Sipa-Ouest France – qui produit déjà plus de 1.000 vidéos par mois et compte deux studios -, ainsi que sur des partenariats et collaborations avec d’autres titres de presse régionale et des chaînes de télévision locales – en particulier les groupes Rossel, Ebra, Sud-Ouest, La Dépêche, Centre France ou TVNantes, avec qui des échanges ont été initiés.

Spécificité notable dans le paysage audiovisuel national: OF TV sera une chaîne détenue par une association à but non lucratif, étant donné que Ouest France appartient à l’Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste. Diversité, inclusion, accessibilité, déontologie et éducation aux médias sont d’ailleurs partie intégrante du projet.

Pour sa monétisation, le groupe de presse vise le marché de la “total vidéo”, en développant ses inventaires aussi bien en TV linéaire que sur le digital. “Nous revendiquons un savoir-faire solide acquis sur le digital ces dernières années. Nous opérons l’un des trois plus grands sites d’information en France et nous maîtrisons sur le digital tant les modes de commercialisation que les technologies de diffusion”, expliquait à l’Arcom Marine Morio, la Directrice Marketing d’Additi Média et ancienne de TF1. 

Néanmoins, celle-ci précisait que, “parce que la vente d’inventaires TV conserve encore des spécificités, nous confierons la vente de nos inventaires linéaires à une régie TV bien installée”, qui commercialisera les spots au GRP. Cette régie est désormais connue. Il s’agit de TF1 Pub.