TikTok en sursis aux Etats-Unis, ses rivaux à l’affût

Menacé d’interdiction, TikTok n’est plus que jamais en sursis aux Etats-Unis. Depuis la semaine dernière, l’application de courtes vidéos est officiellement bannie sur le sol américain. Après avoir fermé brièvement ses portes, elle a cependant fait son retour suite à un décret signé par Donald Trump, de retour à la Maison Blanche. Un décret dont la validité juridique est déjà contestée.

Avec plus de 170 millions d’utilisateurs, TikTok est le troisième réseau social le plus utilisé aux États-Unis, derrière Facebook et Instagram. En avril dernier, le Congrès avait voté une loi demandant à sa maison mère chinoise ByteDance de céder les activités américaines. Les parlementaires mettaient alors en avant des risques pour la sécurité nationale, permettant à Pékin de collecter massivement des données ou encore d’influencer l’opinion publique en donnant davantage de visibilité à certains contenus. 

75 jours pour trouver un acheteur

Contraint de vendre, TikTok n’a pas obtempéré. Pendant des mois, la société a contesté cette législation devant la justice, se basant sur le premier amendement de la Constitution américaine, qui protège la liberté d’expression. Mais ses efforts ont été rejetés par les tribunaux. Puis par la Cour suprême, la plus haute juridiction du pays. Depuis dimanche, les app stores ne peuvent ainsi plus distribuer son application. Et les opérateurs de cloud ne peuvent plus héberger sa plateforme.

Opposé au texte, Donald Trump a accordé un délai supplémentaire de 75 jours à TikTok. Dans la foulée, Oracle a réactivé l’hébergement de TikTok, la rendant à nouveau opérationnelle. En revanche, ni Apple ni Google n’ont accepté de réintégrer l’application dans leurs boutiques. Ils n’ont pas voulu prendre de risques, car le décret signé par le président américain ne peut pas se substituer à la loi. Oracle pourrait donc, théoriquement, être condamné à une très lourde amende – jusqu’à 850 milliards de dollars !

Au-delà de ce délai de 75 jours, le retour définitif de TikTok aux Etats-Unis passera vraisemblablement par une vente, une introduction en Bourse ou une cession aux investisseurs non chinois de ByteDance. Soit autant de scénarios rejetés jusqu’à présent par le groupe. Et aussi par le gouvernement chinois. Donald Trump milite, lui, pour une prise de participation de 50% du gouvernement américain.

YouTube et Meta grands gagnants ?

En attendant, la possible interdiction de TikTok attise déjà les convoitises. Ces derniers jours, plusieurs applications ont connu un bond de leurs téléchargements, notamment Xiaohongshu, un autre réseau social chinois qui opère en Occident sous le nom de RedNote. Disponible uniquement en mandarin, celui-ci vient d’ajouter une fonctionnalité permettant de traduire en anglais les messages publiés par ses usagers chinois.

Ces applications pourraient cependant avoir bien du mal à conserver leurs utilisateurs. Au-delà de l’effet de curiosité, elles risquent en effet d’être pénalisées par l’absence d’effet de réseau. Des plateformes plus matures, comme X, Bluesky ou Flipboard, espèrent elles aussi, attirer une partie des “réfugiés” de TikTok. Elles viennent ainsi de lancer de nouvelles sections dédiées à la vidéo. 

Cependant, les principaux vainqueurs d’une interdiction de TikTok devraient être YouTube et Meta, la maison mère de Facebook et d’Instagram. Non seulement les deux entreprises devraient enregistrer un bond de l’activité et de la consommation sur leur format respectif Shorts et Reels. Mais elles devraient aussi récupérer plus de la moitié des budgets publicitaires aujourd’hui alloués à TikTok, selon les estimations du cabinet eMarketer.