Pourquoi le prix des journaux ne cesse d’augmenter

Près de quatre euros pour un quotidien. Longtemps limitée, la hausse du prix de la presse écrite s’est nettement accélérée depuis la crise sanitaire. Elle s’est, sans surprise, poursuivie en ce début d’année: entre 5 centimes et 30 centimes d’augmentation pour l’ensemble de la presse quotidienne.

La palme revient au Figaro, avec une progression de 30 centimes. Il faut désormais débourser 3,90 euros pour acheter un exemplaire du quotidien en kiosque. Le Monde et Les Echos coûtent 3,80 euros, soit 20 centimes de plus que l’an passé. L’Equipe est passé à 2,50 euros et Le Parisien à 2,20 euros.

1.000 dollars la tonne de papier journal

Depuis l’an passé, plus aucun quotidien de la presse nationale n’est vendu à moins deux euros en semaine. En 2010, aucun titre ne valait plus de 1,50 euro. En quinze ans, les prix ont ainsi été multipliés par plus de deux. Les augmentations sont devenues tellement courantes que la plupart des journaux ne jugent même plus nécessaire de les justifier auprès de leurs lecteurs.

Dans un message publié sur son site Internet, Libération met en avant “la progression de certains coûts”, listant la distribution, l’impression, le papier et les licences des outils de fabrication. L’an passé, Le Figaro expliquait, de son côté, vouloir compenser la “forte inflation de [ses] coûts d’impression et papiers”.

L’importante hausse des prix de la presse depuis 2021 s’est d’abord expliquée par l’envolée des cours du papier journal. Fin 2022, celui-ci se vendait à près de 1.000 dollars la tonne, contre une fourchette allant de 450 à 500 dollars les années précédentes. Dans le même temps, les tarifs de l’énergie ont aussi grimpé.

Virage stratégique

Si ces coûts sont depuis repartis à la baisse (par exemple, autour de 600 euros la tonne de papier journal), l’augmentation des prix de la presse s’est poursuivie. Celle-ci a été provoquée par une hausse des coûts de distribution. Et aussi par la baisse des recettes publicitaires print, alors que le mix média se déplace toujours plus vers le numérique.

Tous ces éléments n’expliquent cependant pas tout. En particulier, l’écart de prix croissant entre la presse quotidienne nationale et la presse quotidienne régionale. Depuis 2021, le tarif d’Ouest France n’a augmenté que de 20 centimes, contre près d’un euro pour Le Monde et Le Figaro. Pour ces deux titres, la hausse des prix en kiosque reflète en effet un changement stratégique majeur.

Ils ne cherchent plus à maintenir le niveau de vente de leur version papier en kiosque, la considérant comme un produit de luxe, qui ne représente plus qu’une petite partie du lectorat. L’accent est désormais mis sur les abonnements numériques, toujours plus avantageux en termes de coûts pour les lecteurs, qui leur permettent de limiter leur dépendance à un marché publicitaire de moins en moins favorable.