21 September 2022
Temps de lecture : 6 min
999 machines à écrire NFT pour publier le plus gros magazine gratuit jamais consacré au Web 3… C’est le projet un peu fou initié par 20 Minutes en avril dernier, avec le lancement de sa toute première collection de NFT. Des NFT qui permettaient à leurs propriétaires de participer à l’élaboration de 20 Mint, magazine diffusé à 800 000 exemplaires le 16 juin dernier et entièrement consacré au monde de la crypto et de la blockchain. Trois mois plus tard, Minted fait le point avec Laurent Bainier, rédacteur en chef chez 20 Minutes, à l’origine du projet.
Le média français s’apprête à poser la dernière brique (virtuelle) de ce projet Web 3, avec la diffusion d’une version anglaise de 20 Mint au sein de Decentraland. “Nous avons recréé la version métavers de la bouche de métro parisienne, du parasol 20 Minutes et du rack pour récupérer son édition”, explique Laurent Bainier. Une soirée de lancement a lieu ce 21 septembre avec la participation du DJ français Bufalo, figure bien connue des usagers de Decentraland.
A l’heure du bilan, quels enseignements 20 Minutes tire-t-il de cette première incursion dans le monde du Web 3 ? “Beaucoup de positif”, se félicite Laurent Bainier. Les médias ont été nombreux à faire l’écho de cette opération qui positionne le quotidien gratuit comme un précurseur de son secteur. Les lecteurs ont, eux aussi, été au rendez-vous. “Nous avons eu d’excellents retours suite à la prise en main du numéro”, précise Laurent Bainier. 20 Minutes proposait d’ailleurs pour la première fois aux lecteurs de commander le numéro, via un partenariat avec Prisma. “Le fait que des centaines de gens soient prêts à payer pour recevoir une édition papier gratuite vient rappeler la puissance de ce format qui est, c’est la conviction de 20 Minutes, complémentaire du numérique”, ajoute Laurent Bainier.
On pourrait penser qu’un utilisateur qui a déboursé plusieurs centaines d’euros profitera spontanément des avantages que lui procure son nouvel asset. En l'occurrence, se rendre sur le server Discord dédié pour participer à l’élaboration de 20 Mint. Pas forcément. “On voit qu’à l’intérieur d’une communauté déjà hyper restreinte de 1 000 détenteurs de NFT, c’est vraiment une petite minorité, en l'occurrence moins de 200 personnes, qui est active sur Discord”, constate Laurent Bainier. Un écrémage dont souffre la plupart des projets NFT qui, une fois leur collection sold-out (comme c’était le cas de 20 Mint), peinent à faire le SAV. “Une majorité n’a pas le réflexe Discord”, confirme Laurent Bainier.
De sorte que les projets NFT, qui se reposent trop souvent sur le “pull”, doivent faire un peu de “push”. En clair, rappeler aux détenteurs d’un NFT les opportunités auxquelles ils peuvent prétendre. “Ce qui n’est pas évident à faire quand vous êtes noyé dans le flot de tweets sur Twitter et que vous touchez une toute partie de votre communauté sur Discord”, analyse Laurent Bainier. Le rédacteur en chef prend l’exemple d’un "giveaway", un wearable offert aux détenteurs d’un NFT 20 Mint, dont ils ont été peu à prendre connaissance et à, in fine, bénéficier.
Le journal 20 Minutes mettra en avant, tous les mercredis, un projet choisi par la communauté des détenteurs de NFT
Pour y remédier, 20 Mint veut multiplier les rendez-vous. Il y notamment une émission hebdomadaire sur Twitch, un canal un peu plus mainstream que Discord, pour “créer un RDV avec les membres”. Il y a évidemment également le site Web et le journal papier. “Nous allons profiter de l’audience de 20 Minutes pour redonner de la visibilité à cette communauté Web 3”, promet Laurent Bainier. Le quotidien mettra ainsi en avant, tous les mercredis, un projet choisi par la communauté des détenteurs de NFT, par vote.
Difficile de ne pas évoquer la valeur de la collection de NFT, que 20 Minutes avait lancée quelques jours avant que le marché des cryptos ne s’effondre. Sans surprise, le cours moyen d’un NFT 20 Mint a chuté au diapason de ce marché. De près de 300 euros au moment du lancement, il est tombé aux alentours des 50 euros, faisant forcément des déçus parmi ceux qui étaient venus pour faire une culbute. “Ce n’est pas plus mal que les utilisateurs arrivés pour faire de la spéculation n’aient pas trouvé leur compte et que d’autres, au portefeuille moins fourni, puissent entrer dans le projet avec la baisse du ticket d’entrée”, observe Laurent Bainier. Reste que dans ce secteur, un prix plancher qui chute trop bas est souvent la traduction d’un manque de vitalité du projet. Et Laurent Bainier, qui n’a pourtant jamais fait de la défense de ce seuil une priorité, en convient volontiers.
“C’est un vrai débat au sein de la communauté, même parmi ceux qui n’ont pas l’intention de vendre mais qui s’inquiètent, comme le ferait un co-propriétaire, de la chute de la valeur de leur actif.” Des actions sont l’étude, assure Laurent Bainier. Parmi lesquelles, un rachat d’une partie de la collection. Une pratique habituelle dans le secteur, qui aurait le mérite de faire remonter le cours moyen, tout en ouvrant le projet à d’autres profils. “Nous réfléchissons à racheter quelques NFT pour les distribuer à des gens qui veulent s’investir”, confirme Laurent Bainier. Un moyen pour 20 Mint de s’ouvrir à d’autres profils que les crypto lovers que l’on retrouve aujourd’hui massivement au sein du projet.
“Nous réfléchissons à racheter quelques NFT pour les distribuer à des gens qui veulent s’investir”
“On ne va pas se mentir, la communauté 20 Mint n’est absolument pas représentative de l’audience de 20 Minutes et de la société en général, observe Laurent Bainier. On y retrouve énormément d’hommes, âgés entre 20 et 30 ans, avec un bon niveau de revenus.” Difficile pour le rédacteur en chef d’imaginer une bulle de ce genre piloter un magazine à 800 000 exemplaires. “Nous voulons évangéliser au Web 3 une population qui n’a parfois pas pris le wagon du Web 2, voire même du Web 1”, justifie Laurent Bainier.
C’est d’ailleurs l’objet du prochain numéro de 20 Mint. Car il y aura bien un numéro 2 et il sortira le 15 novembre. Il sera consacré au sujet de l’inclusion numérique. Pas de nouvelle collection de NFT à l’horizon. Ce numéro sera entièrement financé par la publicité. 20 Minutes n’a d’ailleurs pas touché aux ether collectés via son drop de NFT. Les revenus apportés par les deux partenaires publicitaires du premier numéro, Ledger et Orange, ont contribué à une bonne partie du financement du magazine, 20 Minutes apportant le reste “de sa poche”. “Le sujet du financement participatif à l’aune du Web 3 est une porte que nous avons ouverte… mais que nous refermons, justifie Laurent Bainier. Nous voulons nous concentrer sur la dimension journalisme participatif.”
Pour donner un nouvel élan à cette dimension participative, 20 Minutes va dévoiler une nouvelle mouture de son site 20Mint.xyz. “Nous voulons créer un point de RDV un peu plus friendly que le server Discord. Les utilisateurs pourront accéder à une section token gated, au sein de laquelle ils pourront voter pour les projets qu’ils veulent mettre en avant dans la rubrique hebdomadaire du journal.” Chaque détenteur d’un NFT 20 Mint pourra connecter son wallet pour débloquer certaines fonctionnalités. Un NFT = un vote là où sur Discord, chaque utilisateur avait une voix, quel que soit le nombre de machines qu’il détenait.
20 Mint s’est également associé à Unkut pour créer des NFT qui donnent accès à un forum associé à son émission sur Twitch. Ces nouveaux points de contacts sont, évidemment, autant d’environnements qu’il faut monitorer et alimenter en contenus. “Le tout avec des ressources qui restent limitées”, convient Laurent Bainier. Un community manager freelance était jusque-là chargé d’animer ces différents canaux à plein temps. “Nous allons changer notre fusil d’épaule et l’utiliser de manière plus tactique, selon les pics d’utilisation.”
Pas de secteur token gated à l’horizon, en revanche, sur le navire amiral 20minutes.fr. “Ce serait transiger avec notre promesse qui est de rendre l’information accessible à tous”, justifie Laurent Bainier. Ce serait également risquer quelques effets de bord : un taux de rebond qui grimpe et des conséquences préjudiciables pour le SEO. “On commence par un cas simple et on avisera à l’usage. Pourquoi pas une réflexion sur les parcours logués ?”, s’interroge Laurent Bainier.
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